- ANNEES 20, ANDROGYNES -
Dès la fin de la première Guerre Mondiale, les femmes en France s’émancipent. Beaucoup sont veuves et obligées d’entrer dans la vie active. Elles réussissent à atteindre des postes qui leur étaient précédemment interdits et veulent conquérir leur indépendance financière. Elles développent pour cela un comportement masculin (elle pensent et agissent comme des hommes), des qualités viriles (talent, logique) et la maitrise de l'argent. Tout cela s'incarne dans de nouveaux attributs physiques symboliques : elles fument, dévoilent leurs jambes et coupent leurs cheveux. En quête de liberté, elles recherchent avant tout le confort vestimentaire. C’est en 1913 que Mary Phelps Jacob propose le premier « soutien-gorge » qui sépare les deux seins. Si dans les années 20 le soutien-gorge s’impose comme symbole de l’émancipation de la femme c’est parce que celui-ci relaye l’emprisonnant corset au second plan. Certains couturiers tels que Paul Poiret et Madeleine Vionnet prônent une nouvelle silhouette plus fine et plus adaptée aux goûts de l’époque, tandis que Coco Chanel lance une nouvelle aire ; celle de la simplicité avec la petite robe noire qui s’adapte parfaitement à ces silhouettes androgynes. La poitrine est discrète et les hanches sont étroites. Le soutien-gorge ne cesse son avancée vers la perfection. Des matières telles que la soie et la mousseline remplacent le lin trop rêche. A cette époque, on l’emploie surtout pour « effacer » la poitrine car la mode est à la silhouette à la garçonne. On utilise donc de nouveaux accessoires, venus des USA, appelés « aplatisseurs ».
La femme des années 20 connaît certes une liberté nouvelle mais celle-ci est encore peu affirmée puisque le Sénat français refuse d'examiner la proposition de loi sur le vote des femmes, et déclare l'avortement délit passible de la cour d'Assises. C'est pour cette raison que les femmes ont utilisé ce nouvel accessoire pour projeter leur volonté d’émancipation dans un corps masculin et tacher d’oublier que leur place dans la société reste minime. Même si cela revient à étouffer ses attributs de femmes, il faut y voir une provocation et une volonté de contester les diktats infligées aux femmes tout au long du siècle précédent.